Jumeaux : Comment savoir si on attend une grossesse multiple ?

Un taux de béta-hCG plus élevé que la moyenne, dès les premiers résultats de prise de sang, peut signaler la présence de plusieurs embryons. Pourtant, ce marqueur biologique n’indique pas toujours une grossesse multiple avec certitude.

Plusieurs signes cliniques sont souvent attribués à tort à une gestation gémellaire, alors qu’ils se manifestent parfois dans une grossesse simple. Seul un examen échographique précoce permet de lever le doute et d’orienter le suivi médical adapté.

Grossesse multiple : ce qui la distingue d’une grossesse classique

Dans le vaste champ de la maternité, la grossesse multiple impose son identité : plusieurs embryons cohabitent, et la forme la plus courante reste la grossesse gémellaire. Deux fœtus, et déjà, deux histoires différentes selon leur origine. Les jumeaux dizygotes, surnommés « faux jumeaux », naissent de la fécondation de deux ovules par deux spermatozoïdes. La génétique les relie à moitié, comme n’importe quels frère et sœur. Parfois, ils se ressemblent à peine et peuvent être de sexe différent.

De l’autre côté, les jumeaux monozygotes découlent d’un seul ovule fécondé qui se divise. Leurs gènes sont des copies conformes et leur ressemblance, souvent frappante, intrigue l’entourage. Mais cette gémellité ne s’arrête pas à la génétique. La configuration des enveloppes entourant les fœtus et la répartition du placenta déterminent le suivi. Selon le moment où l’embryon se scinde, la grossesse gémellaire sera bichoriale (deux placentas), monochoriale (un seul placenta), monoamniotique ou biamniotique (un ou deux sacs amniotiques). Ce détail n’a rien d’anecdotique : il pèse sur le risque de complications et oriente la surveillance.

Type de jumeaux Origine Placenta Sac amniotique
Jumeaux dizygotes Deux ovules, deux spermatozoïdes Double (bichorial) Double (biamniotique)
Jumeaux monozygotes Division d’un seul ovule fécondé Unique (monochorial) ou double Un ou deux sacs

Savoir distinguer ces différentes configurations, ce n’est pas une question de pur savoir médical : c’est la clé d’un suivi qui vise à protéger autant la mère que ses enfants à venir.

Quels signes peuvent laisser penser que vous attendez des jumeaux ?

Certains symptômes de grossesse prennent une dimension nouvelle quand il s’agit d’une grossesse gémellaire. La fatigue devient lourde, persistante, et s’invite très tôt, dépassant largement ce que vivent beaucoup de femmes enceintes d’un seul bébé. Les nausées matinales gagnent en intensité, au point de bouleverser le quotidien dès les premières semaines.

La prise de poids rapide intrigue aussi. Une augmentation visible dès le premier trimestre peut mettre la puce à l’oreille, tout comme un ventre qui s’arrondit plus vite qu’attendu. Certaines femmes évoquent des essoufflements soudains, des douleurs lombaires, ou encore une constipation coriace et des brûlures d’estomac inhabituelles pour un début de grossesse.

Voici les signes qui reviennent fréquemment lorsque l’on suspecte une grossesse gémellaire :

  • Fatigue inhabituelle et persistante
  • Nausées accentuées
  • Prise de poids plus rapide que la moyenne
  • Ventre volumineux dès le premier trimestre
  • Symptômes digestifs marqués (constipation, brûlures)

Un autre indice peut retenir l’attention : un taux de bêta-hCG (hormone de grossesse) très élevé lors de la prise de sang. Ce marqueur grimpe souvent en flèche lors d’une grossesse multiple. Pourtant, il ne suffit pas à trancher. Seule l’échographie dévoile vraiment la réalité : le nombre d’embryons présents. Les symptômes, aussi marqués soient-ils, laissent planer le doute sans jamais suffire à eux seuls.

Examens médicaux : comment confirmer une grossesse gémellaire en toute fiabilité

Pour lever toute ambiguïté, rien ne remplace l’échographie, pratiquée généralement entre la 7e et la 12e semaine d’aménorrhée. C’est elle qui révèle sans détour le nombre de sacs gestationnels et d’embryons. L’échographiste précise alors la nature de la grossesse multiple : bichoriale, monochoriale, avec un ou deux sacs amniotiques. Ce diagnostic n’est pas accessoire : il façonne la suite de la surveillance obstétricale.

La prise de sang à la recherche de la bêta-hCG complète le tableau, mais même un taux très élevé ne fait pas office de preuve irréfutable. Seule l’imagerie médicale valide l’existence d’une grossesse multiple. À ce stade, l’avis d’un professionnel de santé devient indispensable pour interpréter les résultats et adapter le suivi.

Le dispositif médical se resserre autour de consultations rapprochées et d’échographies régulières. Objectif : dépister au plus tôt les complications potentielles, comme le retard de croissance intra-utérin ou le syndrome transfuseur-transfusé, surtout dans les grossesses monochoriales. L’expertise de l’échographiste, associée à celle du gynécologue-obstétricien, garantit une surveillance sur mesure, ajustée à chaque grossesse multiple.

Couple regardant une échographie dans une clinique

Anticiper le suivi, l’accouchement et les premiers jours avec des jumeaux

Attendre des jumeaux, c’est accepter un rythme médical plus soutenu. Les consultations se multiplient, les échographies s’enchaînent pour surveiller le développement de chaque fœtus et détecter tout retard de croissance intra-utérin ou complication spécifique comme le syndrome transfuseur-transfusé (surtout dans les grossesses monochoriales). Le contrôle du liquide amniotique et des cordons ombilicaux prend tout son sens, notamment lorsque les deux bébés partagent la même poche amniotique, un cas où le risque d’enchevêtrement existe vraiment.

La menace de prématurité plane : près d’un jumeau sur deux arrive avant 37 semaines. L’équipe médicale prépare donc l’accouchement avec soin, en tenant compte du type de grossesse, de la position des bébés et de l’état de santé de la mère. Voie basse ou césarienne, le choix dépend de nombreux paramètres, mais la césarienne reste fréquente, surtout si une complication se profile. Dans certains cas, l’accouchement sera programmé ou déclenché dans une maternité de niveau III.

À la naissance, la réalité s’impose : les jumeaux, souvent menues silhouettes ou prématurés, bénéficient d’une surveillance intensive en néonatologie. Le congé maternité allongé, parfois complété par un congé pathologique, offre à la mère et aux bébés un espace de récupération. Le soutien des équipes spécialisées, obstétriciens, sages-femmes, pédiatres, devient précieux, tant pour initier l’allaitement que pour suivre la prise de poids ou accompagner le retour à la maison.

Face à l’arrivée de jumeaux, la routine explose, la vigilance s’aiguise et chaque instant écrit une page nouvelle. L’aventure ne fait que commencer.