Resserrer le bassin après l’accouchement : l’importance de la rééducation périnéale

En France, la Sécurité sociale prend en charge dix séances de rééducation périnéale après chaque accouchement, quel que soit le mode de naissance. Pourtant, moins de la moitié des femmes concernées suivent ce parcours jusqu’au bout. Les troubles liés à une mauvaise récupération peuvent survenir plusieurs années plus tard, parfois de façon inattendue.

Les professionnels de santé relèvent encore de fortes inégalités dans l’accès à ces soins, souvent liées au manque d’informations sur leurs bénéfices concrets ou à la sous-évaluation des risques encourus. Pourtant, la littérature médicale ne laisse guère de place au doute : la rééducation du périnée réduit sensiblement le risque de complications durables.

Comprendre les enjeux du bassin et du périnée après l’accouchement

Après la naissance, le corps des femmes ne sort pas indemne de cette traversée. Les muscles du bassin et du périnée, qui forment le plancher pelvien, subissent une pression inédite. Grossesse, puis accouchement, laissent souvent ce groupe musculaire affaibli. Cet affaiblissement concerne toutes les femmes, que l’on devienne mère pour la première fois ou non.

Le plancher pelvien n’agit pas seulement comme un soutien des organes internes ; il garantit continence urinaire et fécale, stabilité du bassin, et impacte la qualité de la vie sexuelle. Dès qu’il perd de sa vigueur, les conséquences pointent : fuites, sensations de lourdeur, gênes intimes qui peuvent s’installer insidieusement.

La rééducation périnéale, recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS), vise précisément à restaurer ces fonctions après la grossesse. Grâce à l’expertise des sages-femmes et des kinésithérapeutes, chaque femme accède à un suivi ajusté, pleinement inscrit dans son parcours post-partum.

Pour saisir ce qu’il se joue à ce moment charnière, plusieurs points méritent toute l’attention :

  • L’affaiblissement du périnée est quasi universel chez les femmes après une grossesse
  • Le plancher pelvien régule le maintien et le contrôle des organes du bas ventre
  • La rééducation prévient durablement l’apparition de troubles, tels que l’incontinence, les descentes d’organes ou les douleurs

L’équilibre du bassin s’appuie sur la sangle abdominale, le plancher pelvien et une posture harmonieuse. Se lancer dans la rééducation du périnée, c’est miser sur la préservation de son corps bien au-delà du post-partum immédiat.

Quels risques en cas d’absence de rééducation périnéale ?

Un périnée qui n’a pas retrouvé sa force envoie vite des signaux d’alarme. Les risques de fuites urinaires se développent, d’abord discrets, puis de plus en plus gênants. L’incontinence, parfois accompagnée de pertes fécales, pèse sur le quotidien, mais aussi sur la confiance en soi, l’intimité, la vie sociale.

Autre perspective redoutée : le prolapsus génital. Quand les tissus ne soutiennent plus, les organes pelviens (utérus, vessie, rectum) peuvent s’affaisser, générant douleurs, gêne lors de la marche, des efforts ou simplement dans la vie de tous les jours.

Les conséquences se font aussi ressentir au niveau de la sexualité. Un périnée délaissé, trop relâché, trop contracté, provoque souvent inconfort, rapports douloureux, et entraîne parfois une baisse de la libido ou de la confiance.

Autre complication fréquente : la diastase abdominale, cette ouverture excessive des muscles abdominaux qui va souvent de pair avec un manque de soutien pelvien. Résultat : douleurs lombaires, troubles digestifs, difficultés à retrouver une ceinture abdominale solide.

Concrètement, l’absence de rééducation se manifeste de plusieurs façons :

  • Fuites urinaires ou fécales qui perdurent au fil des semaines après l’accouchement
  • Descente d’organes (prolapsus pelvien)
  • Douleurs pendant les rapports ou au niveau du bassin
  • Diastase abdominale avec son lot de douleurs dorsales

Prendre du temps pour sa rééducation, c’est mettre toutes les chances de son côté pour retrouver confort, mobilité et mieux-être au quotidien.

La rééducation périnéale post-partum : méthodes, bénéfices et preuves scientifiques

La HAS considère la rééducation périnéale comme un passage incontournable dans le suivi post-partum. Automatiquement prescrite, elle s’appuie sur les compétences de sages-femmes et kinésithérapeutes, que ce soit en cabinet ou à domicile. Le bilan du plancher pelvien se fait, le plus souvent, entre six et huit semaines après la naissance, parfois un peu plus tard en cas de césarienne, pour établir un programme adapté à chaque profil.

Les approches sont variées, toujours personnalisées. Les exercices de Kegel, qui consistent à contracter puis relâcher volontairement les muscles du périnée, sont un grand classique. On y ajoute parfois le biofeedback, qui offre un retour visuel sur l’efficacité de la contraction, ou l’électrostimulation pour stimuler les fibres musculaires les plus faibles.

En plus de ces méthodes, certaines femmes privilégient le port d’une ceinture de maintien du bassin après la naissance, explorent les bienfaits du soin Rebozo inspiré du Mexique, ou consultent un ostéopathe pour retrouver une mobilité optimale.

Les résultats sont nets : une nette baisse des fuites urinaires, une meilleure tenue du bassin, la reprise de la vie intime sans gêne, et une récupération plus rapide de l’abdomen. Les études rapportées par la HAS ne laissent guère de place à l’ambiguïté, même chez les femmes qui ne présentent pas de symptôme apparent. En moyenne, dix à vingt séances suffisent pour obtenir des progrès mesurables.

Kinésithérapeute montrant un exercice pelvien à une jeune maman dans une clinique

Où trouver un accompagnement fiable pour prendre soin de son périnée ?

Pour démarrer sa rééducation périnéale, la qualité de l’accompagnement compte autant que la proximité. Les séances se déroulent généralement chez une sage-femme ou un kinésithérapeute ayant développé une spécialisation du périnée et du bassin après la grossesse. Sur prescription médicale, le coût est pris en charge intégralement, que ce soit au cabinet ou directement à domicile selon les besoins personnels.

Dans certaines villes, des cabinets se sont forgé une solide réputation avec une prise en charge complète du post-partum, combinant des approches mécaniques et plus traditionnelles comme le soin Rebozo. À titre d’exemple, à Toulouse, Antoinette Gueritaine associe techniques d’ostéopathie et pratiques venues du Mexique, pour une approche vraiment sur-mesure, centrée sur le plancher pelvien et le bien-être global.

Nombreuses sont aussi les femmes qui n’hésitent plus à combiner la kinésithérapie, l’ostéopathie et des soins plus doux pour multiplier les effets bénéfiques. Cette démarche globale place la santé pelvienne au cœur de la récupération, tout en s’adaptant à chaque vécu.

Aucun parcours n’est identique, chaque mère fait, avance et cherche ce qui lui convient. Pourtant, une certitude demeure : garder un bassin fort, c’est choisir de rester actrice de sa santé, aujourd’hui comme dans la durée.